vendredi, novembre 13, 2009

22 km prés de la Sainte Baume : la brume au rendez vous!

visite des glaciaire de Mazaugues


Au coeur du massif de la sainte Baume, sur la commune de Mazaugues on peut découvrir un groupe de bâtisses cylindriques d'une qualité architecturale remarquable : les glacières.

Elles sont aujourd'hui pour la plupart abandonnées ou transformées. Certaines sont en bon état de conservation et constituent un élément important du patrimoine historique et culturel de la région. Elles étaient alors sur le territoire de la commune de Meinarguettes aujourd'hui disparue.

L'art de conserver la glace vient d'Italie. C'est Henri III qui aurait introduit "la glace à rafraîchir" à la cour de France en 1575.

Au 17° siècle apparaissent les premières glacières de la Sainte-Baume mais ce n'est qu'à partir du 19° siècle qu'elles tiendront une place importante dans la région principalement pour la conservation des produits de la pêche à Toulon et Marseille.

Le site de Fontfrège à Mazaugues, offrait de nombreux atouts. Son altitude de huit cents mètres lui procurait du froid et ses nombreuses sources assuraient de l'eau en abondance. De hauts sommets le protégeaient du vent asséchant et du soleil. Sa situation au milieu du triangle Aix-Marseille-Toulon et des chemins en bon état facilitaient le transport rapide de la glace.


La glacière de Pivaut






Les convois empruntaient deux routes. Une reliait le village de Meynarguette à Mazaugues pour ensuite rejoindre Toulon via la Roquebrussanne. L'autre menait à Signes et le Camp par le pont du Diable pour rejoindre Marseille.

Le commerce de la glace demandait une organisation complexe, des techniques évoluées et rigoureuses et des hommes de métiers. Ne travaillaient à temps complet que les gardiens, les contremaîtres et quelques ouvriers.

La main d'oeuvre saisonnière était variable. L'été, en période de débit, une cinquantaine d'ouvriers étaient employés. L'hiver on pouvait atteindre le nombre de deux cent tant il fallait agir rapidement.

Près des glacières se trouvaient des bassins alimentés par des sources. Là se formait la glace qui n'était découpée que les jours de grand froid sec.

Les surveillants, à l'aide de grosses trompes, sonnaient depuis les sommets environnants le rappel des villageois des communes voisines. Les paysans qui venaient de Signes, Mazaugues, Nans, Rougiers... étaient heureux de gagner à la morte saison, pendant une ou deux semaines, 3 francs par jour (salaire payé en 1857 pour 7 heures de travail). C'était pour eux le moyen d'augmenter leur maigre pécule, surtout si leurs récoltes de l'été avaient été mauvaises.

La glace, découpée avec des ciseaux d'acier, était chargée sur des mulets ou des charrettes (plus tard des wagonnets) jusqu'à la porte de chargement de la glacière. Il fallait une vingtaine d'hommes par charrette. On jetait la glace dans la glacière dont le fond et les cotés étaient recouverts de paille. La glace était cassée et tassée. Puis on recouvrait de paille et de planches maintenues par de grosses pierres avant de fermer hermétiquement toutes les portes jusqu'à l'été.

De Juin à Septembre on écoulait la glace. Commençaient alors les opérations de déchargement de la glacière. La rapidité de ces opérations et la durée du transport étaient déterminantes. Au coucher du soleil, le plus souvent, on ouvrait la glacière et on cassait la glace en gros morceaux qui étaient ensuite battus et pilés dans des cornues en tôle cylindriques. Ces cornues, lourdes de 300 kg, étaient hissées jusqu'à l'orifice supérieur de la glacière puis chargées, huit par huit, sur des charrettes à deux roues. Les pains de glace étaient isolés dans de la paille et acheminés jusqu'à la ville.
On ne mettait qu'une nuit pour atteindre l'entrepôt de glace de Toulon "rue de la glacière". Cette rapidité était due notamment au bon entretien des chemins.

Pendant la période d'essor qui connut son apogée au 19° siècle où l'augmentation de la population urbaine fit accroître la demande, la glace se vendait au prix du blé (jusqu'à 8,5 cts en 1897).

Les possibilités de prospérité qui s'offraient alors aux glaciers entraînèrent l'abandon du système de fermage au profit du commerce libre. Par la même les villes ne furent plus tenues d'acheter la glace de façon contractuelle. Ainsi, à la faveur du développement du chemin de fer, commença, au début du 20° siècle, l'importation de la glace alpine, moins chère, ce qui entraîna le déclin des glaciers traditionnels. Ce déclin s'acheva avec le développement des procédés physiques et chimiques de conservation de la glace et l'installation des premières fabriques de glace artificielle.

L'exploitation des glacières de Mazaugues cessa définitivement en 1905.